Quand tu passes ta vie à essayer d’être comme les autres et effacer tes rayures.
En 2018, j’ai vu défiler toute ma vie devant mes yeux. Non je n’ai pas vécu d’expériences de morts, j’ai mis un mot sur mon fonctionnement : « vous êtes un adulte à haut potentiel ».
Depuis, les choses se remettent en place, comme si j’avais toujours construit un puzzle, et qu’on me remettait les dernières pièces pour voir l’image.
Mais que s’est il passé avant le diagnostic? Comme ai-je soupçonnais que j’étais un zèbre, surdoué, HPI?Qu’est-ce qu’il m’est arrivé après? Qu’est-ce que cela a changé dans ma vie?
Le chemin jusqu’au diagnostic de surdouée.
L’hypersensibilité et le multi-potentialiste : une des caractéristique
En 2016, c’est le grand retour de l’eczéma après des années « sans ». À bout de solutions, je décide enfin d’aller « consulter ». Je débuterais par une dermato-psy à laquelle je m’entends répéter : « je n’ai pas l’impression d’être comme les autres », « je suis trop », « la vie me paraît plus compliquée que pour les autres », « je me sens différente », « j’ai l’impression d’être d’un autre monde »… «les relations c’est compliquée » , « les gens m’ennuient ».
Et puis suite à cela, j’ai découvert mon hypersensibilité, après un gros moment de résistance en me disant que c’était l’effet Barnum. Cet effet qui fait que quand tu lis l’horoscope du Glamour « il parle tellement de moi c’est dingue!! » « tu sais qu’il date de 2012 hein? ».
À cette même époque je découvre le principe de multi-potentialité. Ce que je pensais être mon plus grand défaut, de m’intéresser à un tas de choses mais de me lasser tout aussi vite se révèle un fonctionnement à part entière qui peut-être dompter pour en faire un talent.
Je te conseille d’ailleurs l’approche d’Anne Laure Fréant dans cet article et la conférence Ted d’Emilie Wapnick
En réalisant des services civiques je rencontre une nana qui s’intéresse aux études d’institutrices et me glissent un « tu as déjà regarder du côté de la douance? ». Ma première réponse est teintée de gêne : « euh, ça me parait évident que non, pourquoi tu penses ça? »
Les mois passent, mais ça reste dans un coin de ma tête. Le film du questionnement quand à la possibilité de sauter une classe en CM1 me revient, mais je ne m’y attarde pas trop. « sérieusement, tu m’as vu? »
Le livre « Je pense trop »
Et puis j’entends parler du livre « Je pense trop » : .Comment maîtriser ce mental envahissant de Christel Petitcollin.
Cela faisait des mois que ma tête me faisait souffrir à force de tricoter des réflexions beaucoup trop intenses et profondes.
Aux premières pages, je suis déjà noyée dans mes larmes : généralement cela annonce que je me sens un peu concernée par le sujet.
La lecture de ce livre génère de nombreux « ah mais tellement, ah mais c’est pour ça, ah mais je ne suis pas la seule à penser ça? »
Je comprends pourquoi mon entourage, mes proche peuvent se sentir offensée par moi, et croire que je suis condescendante, trop rapide.
Lire ce livre me génère aussi pas mal d’agacement quand au fait qu’elle crée une telle limite entre les « normo-pensant » et les profils atypiques, mais aussi sa diabolisation avec les pervers narcissiques et les surdoués comme victimes absolues.
Je suis soulagée de comprendre que d’autres que moi se sentent extraterrestres et ennuyés par une grande partie des gens et par des conversations « simplettes ».
Je suis face à toutes ces révélations, et en même temps, « non je ne peux pas être surdouée, tu m’as vu? tu me connais? »
Quand tu as l’impression d’être un alien pour les autres humains.
Le fameux test de QI
Dans un élan de courage (que j’appelerai quelques jours plus tard inconscience), je dégotte le numéro d’une psychologue qui fait passer des tests de QI et je prends rendez-vous.
Les jours d’après j’oscillerai entre : « je vais annuler », « pour qui je me prends » « je vais me planter ces ridicules » « et puis j’ai aucune culture, ni mémoire ».
J’appelle la psy de nombreuses fois, emprunte de désarrois.
La veille j’hésite à annuler, et finalement j’y vais.Je suis stressée, mon corps est complètement contracté. Le test commence par ce que je préfère : un casse-tête de forme. Je passe par des épreuves affreuses, j’ai l’impression d’être nulle, nulle, nulle. Je panique, je me bloque.
Lucky me, à cette époque là, elle avait du temps et je reçois rapidement mes résultats, la semaine suivante.
Elle ne laissera pas de suspens en me regardant droit dans les yeux avec cette phrase « Vous êtes un adulte à haut potentiel ». Mon profil est hétérogène, elle n’a cependant aucun doute.
« je n’avais jamais vu quelqu’un procédé d’une tel manière sur cet exercice ».
Elle dresse un tableau effarant de moi, d’une honnête simple et radicale : « vous n’avez pas appris à faire d’efforts, vous n’avez pas confiance en vous face aux difficultés, votre facilité enfant vous met aujourd’hui en difficulté face à ce que vous ne comprenez pas ».
Je comprends qu’il va falloir réapprendre.
Elle me conseille une psychologue spécialisée en Adulte à Haut Potentiel et me voilà lancer dans les différentes étapes de découverte et acceptation de ce diagnostic.
Les étapes post-diagnostic :
J’ai identifié plusieurs étapes qui ont suivi à l’annonce du diagnostic. (Je ne suis pas une fan de ce terme, mais cela donne une idée).
- La fierté
- Le soulagement.
- Puis la colère, contre mes parents de ne pas m’avoir diagnostiqué plus tôt et rendu service.
- La quête d’identification
- La dépression
- L’appropriation : qu’est-ce qui fait partie de ma personnalité, qu’est-ce qui appartient à mon fonctionnement
- L’apprentissage de ses facultés et de ses difficultés.
- Le détachement vs acceptation
Le puzzle qui s’assemble
Au fur et à mesure des mois, toutes les pièces du puzzle se sont assemblées :
En CM1, j’ai déménagé à Bordeaux. On a mis le fait que je terminais le programme de la journée en quelques heures sur le dos d’un niveau moins élevé dans l’Académie Bordelaise (sérieusement?)
Au collège, je faisais tout pour avoir des notes dans la moyenne pour ne pas me faire rejeter.
Ma facilité d’apprentissage à l’école.
Ma manière de toujours tout remettre en question (qui agace profondément)
Mon ennui dans les mondanités
Ma compréhension de certaines choses, que je ne pouvais pas expliquer.
On me disait souvent que j’étais intolérante, que j’allais trop vite, que j’étais intense : j’ai juste une partie du cerveau qui va plus vite que toi.
Mon hypersensibilité, mon intuition.
Toutes ces années à se sentir le cul entre deux chaises, le pied entre deux monde, à ne jamais connecter vraiment aux gens.
Entre zèbres on se soutient ❤
Une adulte à haut potentiel heureuse, c’est possible :
Ce n’est pas de tout repos de vivre avec ce fonctionnement mais j’en reparlerai.
Je tiens cependant à dire que oui on peut être surdouée et heureuse, zèbre et entourée.
Tellement de représentations négatives et effrayantes circulent, je veux qu’autre chose soit visible.
C’est un chemin challengeant, délicats surtout avec cette nouvelle mode du haut potentiel. Mais si tu as des soupçons, offre-toi cette liberté de mettre des mots sur qui tu es.
Ce n’est pas seulement une étiquette, c’est l’occasion d’embrasser qui tu es, de t’honorer pleinement et de t’offrir des clés pour te libérer d’un tas de pensées limitantes et douloureuses.
J’accompagne aujourd’hui des personnes à haut potentiel qui viennent de recevoir cette annonce, qui ont fait un suivi psychologique et ont envies de se sentir comprises par quelqu’un qui est passé par là. Nous échangeons pour te faire passer au niveau supérieur, te réconcilier avec le monde, avec ton fonctionnement et avec ta sensibilité et super-pouvoirs.
Amour sur toi petit soldat.
De nombreux livres existent aujourd’hui. Je te conseille le blog et livre de Chloé Romengas “Rayures et Ratures“
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